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    fondation et               organisation

 

La Vierge protégeant sous son manteau les abbés cisterciens ©Dijon, bibliothèque municipale, gravure sur bois, Petrus Metlinger, 1491

Robert de Molesme et la fondation de Citeaux


Le but de l'Ordre de Cîteaux ne fut pas de proposer une nouvelle spiritualité, mais de revenir aux sources de la Règle de Saint Benoît qui, d'après les fondateurs cisterciens, avait été altérée. Les débuts de l'aventure cistercienne nous sont connus à la fois par des historiens contemporains et, surtout, par les ExordesRécits retraçant les débuts de l’Ordre cisterciens et rédigés peu après sa fondation. rédigés par les premiers membres de la communauté cistercienne.
Le moine champenois Robert de Molesme, fonda en 1075 le monastère de Molesme, qu’il quitta peu après, pour s'établir avec quelques moines à Cîteaux, au coeur d'une forêt déserte située entre Beaune et Dijon. Les débuts du "Nouveau Monastère" furent difficiles en raison du climat litigieux mais aussi des difficultés matérielles provoquées par l'installation dans un site ingrat.
L'abbé Aubry, successeur de Robert, puis l'Anglais Etienne Harding donnèrent à la communauté ses orientations fondamentales : vie cénobitiqueMouvement de religieux ayant choisi de mener une vie communautaire monastique. S’oppose à l’érémitisme. stricte, ascèseDiscipline qu’une personne s’impose pour tendre vers la perfection morale. alimentaire, refus de toute ornementation superflue. Sous l'abbatiat  de Etienne Harding, quatre abbayes-filles virent le jour : La Ferté-sur-Grosne (1113), Pontigny (1114), Clairvaux (1115) et Morimond (1115). A la même époque, en 1113, le fils d'un noble bourguignon, Bernard de Fontaine, accompagné d'une trentaine de parents et compagnons, entre dans Cîteaux et donne au mouvement cistercien une nouvelle impulsion.
En 1354, l’Ordre compte 690 maisons d’hommes ; il s'étend du Portugal à la Suède, de l'Irlande à l'Estonie et de l'Ecosse jusqu'en Sicile.

 

Arbre généalogique des monastères d'homme de l'Ordre de Cîteaux en France ©Dijon, bibliothèque municipale, De La Lande, 1776 gravure

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'organisation de l'Ordre de Citeaux : les filiations, le chapitre general, le definatoire


L'Ordre cistercien se caractérise par une organisation arborescente, que régissent des textes fondamentaux et tout particulièrement la Charte de Charité.
Cîteaux est le tronc principal d'où partent quatre branches-mères : La Ferté, Pontigny, Clairvaux et Morimond. Chaque monastère peut à son tour fonder des abbayes, mais ces dernières seront toujours rattachées à l'une des cinq lignées primitives. C'est ainsi que la ligne de Clairvaux compta jusqu’à 350 monastères, Morimond plus de 200, Cîteaux une centaine et seulement une quarantaine pour Pontigny et moins de vingt pour La Ferté.
Chaque nouvelle maison doit être économiquement indépendante, mais a des comptes à rendre à l'abbaye qui l'a fondée. L'abbé-père doit visiter une fois par an ses abbayes-filles pour s'assurer de leur bon fonctionnement, et surtout exercer une vigilance sur la bonne observance de la Règle. L'abbé-père veille au choix du successeur de l'abbé-fils défunt, il peut écarter un abbé-fils défaillant, il permet ou non le déplacement d'un monastère vers un autre lieu. Le système mis en place par la Charte de Charité suffit au bon ordre des abbayes cisterciennes, et les Cisterciens ont obtenu du Saint-Siège des privilèges les dispensant de la soumission à l'autorité épiscopale.
Chaque abbé est tenu de se rendre chaque année au Chapître GénéralRéunion de tous les abbés de l'Ordre qui doit se tenir chaque année pour discuter du redressement des déviations et de l'observance de la Règle bénédictine et des prescriptions de l'Ordre. qui a lieu autour de la fête de la Sainte Croix (14 septembre) et à la suite duquel des statuts sont promulgués. L'assemblée autorise en outre des fondations, des autorisations, des transferts d'abbayes. Elle démet des abbés, peut déplacer des moines d'une abbaye à l'autre. C'est ainsi que le chapître affirme sa prépondérance par rapport aux abbés-pères.
L'expansion rapide de l'Ordre va porter atteinte à l'organisation définie par la Charte de Charité. Bientôt les abbés-pères ne peuvent plus visiter leurs abbayes-filles du fait de leur nombre et de leur distance. De même, le chapître général ne réunit plus aussi régulièrement l'ensemble des abbés : la salle capitulaire de Cîteaux est devenue trop étroite, des abbés trop éloignés se font exonérer. Dans ces conditions, l'assemblée des abbés se dessaisit de ses pouvoirs au profit d'un comité directeur, le définitoire, comprenant les abbés des 4 filles de Cîteaux. Les grandes assemblées des abbés n'ont alors pour rôle que de recueillir, puis porter à leurs moines les décisions du définitoire.
La propagation du système de la comendeBénéfice d’un monastère accordé à un ecclésiastique ou à un laïc. ne fit qu'aggraver les choses et distendre encore plus les relations des membres de la communauté cistercienne, ce qui provoqua des mouvements de sécession. Des abbayes-filles se réunirent en congrégationsCommunauté religieuse., rompant les liens initiaux. A la fin de l'Ancien Régime, la tradition de l'Ordre est affaiblie. Durant la Révolution, Cîteaux s'éteint ; Morimont, Pontigny, La Ferté et Clairvaux sont supprimées.
Il faut attendre le cours du XIXe siècle pour qu'une tendance au rassemblement s'impose et aboutisse à 2 branches indépendantes : l'Ordre de Cîteaux (la Commune Observance) et l'Ordre cistercien de la Stricte Observance (issu du monastère de la Trappe réformé au XVIIe siècle par l'abbé de Rancé).