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    L’economie                   cistercienne

 
Vignes à Pontigny © Philippe Noisette

Une reussite economique sans pareil

L'observance stricte de la Règle de saint Benoît conduit les communautés cisterciennes à développer une organisation économique originale.
Le refus du monde, la vie de pauvreté, l'esprit d'humilité, l'ascèseDiscipline qu’une personne s’impose pour tendre vers la perfection morale. les amenent à s'implanter dans des lieux isolés, à vivre du travail de leurs mains afin d’assurer l’autarcie de la communauté et le devoir de charité. Pour répondre aux besoins de la Règle et exploiter des domaines fonciers en faire-valoir direct, les moines font appel dès le XIIe siècle à des convers laïcs, main d'oeuvre gratuite. L'installation d'un réseau de "grangesPour les cisterciens unité de production de base des abbayes. ", plus ou moins éloignées de l'abbaye, sur les sites desquelles sont rassemblés les bâtiments d'exploitation nécessaires (granges, étables, porcheries...) participe au développement de l'économie cistercienne.
La mise en valeur de la terre et une gestion exemplaire des biens aboutissent à la production de surplus commercialisables dans les villes et les bourgs voisins.
La réussite économique cistercienne, doublée d'une compétence technique indéniable, suscite un vif intérêt parmi les populations locales. Ces dernières sollicitent alors les moines cisterciens pour l'aménagement des sols, pour la création de moulins ou d'étangs, pour l'assèchement des marais ou pour l'endiguement des rivières.
L'activité cistercienne ne se limite pas à l'agriculture, à la viticulture ou à la pisciculture. Dans les régions riches en minerais de fer, les communautés développent une sidérurgie intense et créent des forges impressionnantes (Fontenay, Pontigny...). Les Cisterciens deviennent de ce fait les initiateurs de progrès économiques à travers l'Europe du Moyen Age.

Grange de Pontigny © Henri Gaud

Metayages et commendes : le glas de l’ideal cistercien primitif

Au XIIIe siècle, la crise de recrutement des convers, l’extension des domaines des abbayes et les surplus de production entraînent les abbayes à abandonner leurs terres en métayageLouage d’un domaine agricole à une personne qui s’engage d’en partager les fruits avec le propriétaire., à passer des contrats d’élevage avec des colons, puis à vendre des granges. L’idéal d’autarcie prôné à la fin du XIe siècle est bien loin.
A ces pratiques commerciales s’ajoute à partir du XIVe siècle celle de la commende. Ce système existe depuis le IVe siècle mais devient courant en France, à partir du XVIe siècle. La commendeBénéfice d’un monastère accordé à un ecclésiastique ou à un laïc. va accélérer la dérive et le déclin de la vie monastique. L’abbé n’est plus nommé par les moines, mais par le roi ou le pape qui confient les bénéfices de l’abbaye à des grands seigneurs, des prélats séculiers ou des bourgeois, souvent indifférents aux besoins et exigences de la vie religieuse des communautés. L’abbé commendataire ne séjourne pas, ou rarement, à l’abbaye, mais s’y fait construire parfois une somptueuse résidence indépendante. L’abbaye est alors dirigée par un prieur conventuel. L’abbaye de Pontigny a compté parmi ses abbés commendataires Jean du Bellay.